Didier Tarquin, auteur BD
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Didier Tarquin

Didier Tarquin

Biographie

Didier Tarquin est né le 20 janvier 1967 à Toulon.
Il passe les dix premières années de sa vie en Algérie.
C'est à son retour en France qu'il découvre la bande dessinée et surtout l'envie d'en faire.
Il orientera donc ses études vers le dessin.
Après un bref passage aux Arts Plastiques d'Aix en Provence, il décide de se consacrer entièrement a la BD.

Sa carrière professionnelle commence en 1990 avec l'album "Les Maléfices d'orient" chez Soleil Productions.
Il s'agissait alors d'une toute jeune maison d'édition, fondée par Mourad Boudjellal, ancien libraire spécialisé de la librairie Bédule à Toulon.

Après un an de silence graphique sous les drapeaux, il dessinera deux tomes de la série "Röq", scénarisés par Avossa (chez Soleil) entre 1992 et 1993.

Après le manque de succès de ces deux séries, Soleil lui propose un dernier essai.
Christophe Arleston lui présente alors un scénario d'héroïc fantasy.
Après ces deux échecs, il souhaite s'amuser au maximum sans se prendre au sérieux...
L'aventure "Lanfeust" est lancée en 1994 !
Quatre albums sortent en deux ans pour donner un maximum de chance à la série, et le succès est au rendez-vous.

Parallèlement à cela, Didier Tarquin réalise des affiches pour diverses manifestations culturelles et anime un atelier de BD à Hyères, dans le Var jusqu'en 1995.
Certains éléves de l'atelier sont devenus professionnels comme Guillaume Bianco, Olivier Dutto et Rouan.

En 1996, il se met au scénario pour une nouvelle série avec Serge Fino chez Soleil : "Les ailes du Phaeton".

Puis en 2002 le revoici au scénario dans une autre série: "les Krashmonsters" avec Adrien Floch au dessin aidé de Guillaume Blanco et Olivier Dutto.

Depuis 2001, la saga de Lanfeust se poursuit dans Lanfeust des Etoiles, puis dans Lanfeust Odyssey depuis 2009.

En 2019, il produit avec sa compagne Lyse Tarquin, UCC Dolores, une série de science-fiction.

Connaissez-vous toutes les séries BD du Monde de Troy ?

Monde de Troy

Une interview de Didier Tarquin

- Extraits de l'interview tirée du numéro 17 d'Auracan (mai/juin 1997) par Nicolas Anspach:

Tarquin est l'un des jeunes dessinateurs les plus prometteurs du moment. En effet, après quatre albums, Lanfeust de Troy compte un tirage de plusieurs dizaines de milliers d'albums. Ce dessinateur talentueux du sud de la France rempli d'humour semble avoir gardé la tête froide.

Il y a presque trois ans, personne ne te connaissait et maintenant tu es l'un des jeunes auteurs les plus appréciés. Comment expliques-tu ce succès ?

C'est le hasard ! J'aurais appliqué la recette de cette potion magique depuis le début de ma carrière si je la connaissais. D'ailleurs, tous les auteurs l'utiliseraient ! (Rires) J'ai fait trois albums avant Lanfeust de Troy qui ont été des "bides" monumentaux. Il y a eu un engouement populaire dès le premier album de Lanfeust. Tout le monde en était surpris: L'éditeur tout comme les auteurs. Scotch Arleston et moi-même avons réalisé cette série pour nous amuser et surtout sans nous prendre au sérieux, nous avons sorti quatre albums en deux ans pour donner un maximum de chance à Lanfeust...

Lanfeust va connaître un nombre limité d'albums. Vous n'avez pas peur de tuer la poule aux oeufs d'or?

Lanfeust de Troy comptera huit albums. Nous avons publié quatre albums en deux ans ! Mais ce rythme va ralentir pour porter la cadence de parution à un album par an: Ces huit albums forment la première aventure de Lanfeust. Ensuite, il y en aura d'autres ! C'est un héros classique, mais chaque épisode est un peu plus long, puisqu'il fait plusieurs albums !

Quel a été ton cheminement jusqu'à Lanfeust de Troy ?

J'ai suivi des études d'Art Plastiques. Mais derrière ce mot pompeux, se cachent seulement deux heures de dessin par semaine... Je n'ai donc pas étudié le dessin ! (Rires) Après ces "études", j'ai été en Faculté d'Art Plastique, mais je suis parti car je passais mon temps à m'engueuler avec les professeurs. J'ai obtenu ma "formation" de dessinateur de BD en travaillant, comme un acharné, tous les soirs... La bande dessinée est, avant tout, une passion ! J'ai donc publié trois albums avant Lanfeust: les Maléfices d'Orient et deux albums d'héroïc fantasy assez violents, Röq. Ces échecs sont dus à mon manque d'expérience, de maturité.

As-tu participé à des fanzines ?

Jamais ! J'ai besoin d'apprécier les gens avant de faire quelque chose avec eux. Je n'avais pas un bon feeling avec les fanzines qui étaient, à l'époque, dans le sud de la France. Je n'avais pas envie de publier dans leurs pages car je ne les ressentais pas !

Comment as-tu rencontré ton scénariste, Arleston ?

Nos cheminements personnels se sont souvent croisés: Scotch est un homme du Sud de la France, sympathique, et nous nous rencontrions souvent dans les festivals français. De plus nous avions le même éditeur, Soleil Productions. Après mes trois "bides", je me suis retrouvé en panne de scénario et mon éditeur m'a dit: "Je te permets de faire encore un album chez Soleil. Si les lecteurs n'accrochent pas, tu vas voir ailleurs !". Scotch avait déjà ce scénario dans ses tiroirs et il me l'a proposé. J'ai rapidement accepté de le dessiner. Non pas pour l'histoire, mais pour les caractéristiques des personnages !

Tu appréciais principalement les relations entre Lanfeust et les sensuelles Cixi et C'ian ?

Oui. Notre histoire est finalement assez classique: un héros, le pouvoir absolu, la quête, un objet qui a une dimension presque divine... On a rien inventé ! Scotch a simplement approfondi les relations entre les différents personnages. Il a ajouté de l'humour, des dialogues croustillants et surtout mis en place deux nanas qui mènent notre héros par le bout du nez.

Peux-tu nous résumer la trame de Lanfeust de Troy ?

Un jeune artisan bouseux habite dans un village éloigné des grandes villes. Dans le monde de Troy, tout le monde possède un pouvoir qui peut être important: changer la direction du vent, faire pousser les arbres ou un pouvoir inutile comme celui de modifier la couleur des cailloux ! Lanfeust a le pouvoir de chauffer le métal, il est donc forgeron. Notre héros découvre, un jour, qu'il possède l'intégralité des pouvoirs du monde de Troy au contact d'une épée. Tout en n'ayant pas le pouvoir absolu car il doit être à côté d'un sage pour en bénéficier. Suite à son honnêteté, il perd cette épée. Sa quête va être de la retrouver ! Il est accompagné du sage Nicolède et de ses filles: C'ian - la fiancée officielle de Lanfeust - et la sulfureuse Cixi qui aguiche tous les garçons... Durant leur quête, ils rencontrent le troll Hébus qui est un prédateur particulièrement redoutable, une machine à tuer... Mais par le truchement de la magie, ce Troll devient un allié...

Entre les deux files du sage Nicolède, laquelle préfères-tu ?

Tout comme un bon nombre de nos lecteurs, je préfère Cixi. Elle est sulfureuse et a du caractère. Elle est d'autant plus garce que sa súur est sage ! Au niveau graphique, Cixi est très intéressante à dessiner car elle a une toilette réduite au minimum et a l'air d'une pin-up (Rires).

Tu accordes aussi beaucoup d'importance aux décors dans Lanfeust de Troy...

Si notre série était un film, le réalisateur gérerait un gros budget qui comprendrait en majeure partie des effets spéciaux et des décors flamboyants ! C'est pareil en bande dessinée ! Il faut que le lecteur puisse explorer le monde de Troy que Scotch et moi-même connaissons dans notre imaginaire. Je dois donc soigner mes planches et travailler mes décors... Pour une histoire de cette envergure, je ne peux pas faire du Gotlib, quand même ! (Rires)

Il y a beaucoup d'humour dans les séries d'Arleston. Est-il comme cela dans la vie de tous les jours ?

Il est impossible de s'emmerder lorsque l'on travaille ou que l'on passe une soirée avec Scotch. C'est une de ses plus grandes qualités, avec son érudition. Scotch est une véritable encyclopédie vivante. Il maîtrise des domaines culturels fort divergents: géographie, littérature, cinéma, histoire... Il vit selon ses envies. Il ne fait pas ce métier comme certaines personnes iraient travailler dans un bureau ou dans une usine. Lui s'amuse en racontant des "conneries"...

Quelles sont tes références graphiques ?

On peut directement percevoir Loisel lorsqu'on lit mes albums. Mais je commence à m'en démarquer. J'ai également des affinités avec Rosinski, Vatine, Wendling, Forest, Frazetta. Mais ce n'est pas pour cela que je vais intégrer consciemment leurs styles à mon dessin !

Et Uderzo ?

Forcément ! Uderzo est un maître. Quand un auteur vend plusieurs millions d'exemplaires de sa série, on est obligé de s'incliner de crier: "Chapeau" !

A partir du deuxième album, à l'instar d'Astérix, vous avez inclus une page de présentation des personnages...

Oui. Scotch et moi appelons d'ailleurs cette page: "la page des quelques gaulois. (Rires). Ces courtes présentations des personnages sont mieux qu'un résumé. Grâce à cela nous pouvons situer l'histoire par rapport aux caractéristiques intrinsèques des personnages. D'ailleurs, cette page a déjà fait ses preuves ! Alors, pourquoi s'en priver ?

Le troll Hébus a sûrement dû être le personnage qui a été le plus fascinant à créer graphiquement...

Hébus est un personnage "pâte à modeler". Je prends beaucoup de plaisir à le dessiner. Il a une gamme d'expression très large car notre troll est humoristique ! Il y a plusieurs Hébus. Le troll Hébus se promène avec des petites mouche qui tournent autour de sa tête. Ensuite, Hébus a un côté fortement inspiré d'Obélix lorsqu'il mange. Il ingurgite sa nourriture, comme Obélix avale un sanglier, et balance ses os par dessus son épaule! (Rires).

Hébus est aussi une machine à tuer...

Effectivement ! Hébus est une machine qui tue violemment et instantanément ses adversaires. Il y a des morts mais c'est drôle. Ceux-ci se retrouvent bien souvent dans des positions incroyables - les fesses en l'air - ou dans des arbres... Je dessine beaucoup d'éclats de sang. Au cours de séances de dédicaces, j'ai remarqué que les lecteurs assimilent ce sang à un chic. A la limite, notre lectorat pense que l'ennemi d'Hébus va se relever quelques minutes après le passage du troll. Cette perception est peut-être due au petit texte humoristique qui accompagne la fin de la bagarre...

Lanfeust de Troy est-elle une série tous publics ?

Tous publics. Nous n'avons pas inventé des scènes de combat pour qu'il y ait du sang et dessiné les fesses de Cixi pour qu'il y ait du sexe. Scotch Arleston et moi-même sommes surpris par la composition de notre lectorat: il est composé de personnes qui aiment bien sûr la BD ou l'héroïc fantasy et les jeux de rôles. Mais aussi de gens qui ne sont pas intéressés par la BD ! Il y a aussi beaucoup de filles qui lisent Lanfeust, ce qui est assez rare ! Nous pensons qu'elles aiment, dans notre histoire, que deux jeunes femmes dirigent un homme... (Rires)

Rajoutes-tu des éléments humoristiques lorsque tu travailles sur ta table à dessin?

Tous les gags purement graphiques sont issus de mon imagination. Par exemple, à la planche 7 du quatrième album, Lanfeust, vexé, sort son épée de son fourreau en clamant: "mon nom, je le signe de la pointe de l'épée d'un L qui veut dire Lanfeust". Pour être fidèle à la référence de Zorro, Lanfeust grave un L sur la ceinture d'un gros ! J'ai rajouté le troll Hébus qui se tient derrière cette sorte de sosie du sergent Garcia et il dit: "Vainqueur, tu les as à chaque fois!" (Rires). Scotch écrit des gags dans son découpage et moi j'enfonce, de temps en temps, les clous... Notre série est issue d'un véritable travail d'équipe entre trois personnes nommées Scotch Arleston, Didier Tarquin et Yves Lencot, un excellent coloriste !

Scotch Arleston intervient-il dans la création graphique de vos personnages ?

Non ! Nous parlons lors de nos entrevues des caractéristiques des nos acteurs. Il m'expose sa vision et je lui donne la mienne. Tout au début de notre collaboration, il n'a pas été satisfait des caractéristiques graphiques d'Hébus. Je l'avais dessiné comme une machine à tuer. Au fil des pages, j'ai arrondi ses muscles et sa figure ! Nous discutons beaucoup par téléphone et j'en ai pour trois mille francs français de téléphone rien que pour mes conversations avec Scotch (Rires).

Lanfeust de Troy est la série phare des éditions du Soleil...

Une des séries qui marche bien, oui ! Mais nous avons tout de même un aîné prestigieux qui s'appelle Rahan ! Et quelques autres qui se vendent bien... Soleil est une maison d'édition dont l'image est en train de changer: beaucoup de nouveaux auteurs, dont certains ont fait leurs preuves ailleurs, arrivent. Il y a une bonne équipe dans cette maison d'édition et un climat sympa où on rigole bien... Lanfeust s'inscrit dans cette logique !

Tu viens de sortir une nouvelle série avec Serge Fino, les Ailes du Phaéton, pourquoi ne l'as-tu pas dessinée toi même?

Je n ai pas envie d'être un auteur complet ! J'ai peur de manquer de recul lors de la création de l'album. J'aime avoir le regard de l'autre. Lorsque j'envoie cinq nouvelles planches à Scotch et qu'il me dit de ne rien retoucher, cela m'angoisse. Bien sûr, si Scotch me dit de redessiner deux cases, je râle ! Mais j'ai besoin d'être persuadé qu'il les a lues...

Quelle est la trame de cette nouvelle série ?

Elle est on ne peut plus simple. Ce sont les aventures d'un marin dans un monde d'héroïc fantasy proche de la Grèce antique. Chaque album étant une histoire indépendante, il m'est difficile d'en dire plus...

As-tu d'autres projets?

Travailler sur deux séries, ce n'est pas si mal ! D'autant plus que nous allons sortir avec Serge Fino deux albums par an des Ailes du Phaéton... Ah oui! J'ai comme projet de prendre des vacances, cela fait longtemps que cela ne m'est plus arrivé...

Quel est ton état d'esprit actuel?

Je suis à la fois surpris, comblé et inquiet par Lanfeust de Troy. Je me rends compte que le monde professionnel et une partie des lecteurs m'attendent au tournant. Il faut assumer ce succès tout en se protégeant derrière une sorte de forteresse pour rester sincère envers notre public. Pour les premiers albums de Lanfeust, les critiques ont écrit que nous avions réalisé une bonne bande dessinée. Après quelques dizaines de milliers de nouveaux lecteurs, ces critiques écrivent que nous faisons une BD bassement commerciale... Comme nous avons du succès, le monde professionnel - libraires maisons d'éditions et ségrigraphes- nous demandent de travailler avec eux. Maintenant j'ai la possibilité de réfléchir et de ne pas accepter n'importe quoi. J'essaye donc de modérer les collaborations avec eux ! Je veux sauvegarder la confiance de mes lecteurs et pour cela je dois être plus sincère par rapport à moi-même et aussi par rapport au monde professionnel !

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Lise
Il a un style généreux et c'est toujours sympa de découvrir les petits détails cachés qu'il place sur ses planches.